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Qu’est-ce que la médecine Ayurvédique ?
La médecine ayurvédique ou médecine traditionnelle indienne se traduit Ayurvéda en sanskrit, ce qui se signifie « science (veda) de la vie (ayus) ». L’ayurvéda est une approche holistique de la santé et de la vie. Elle puise ses racines dans l’Inde ancienne. Selon certaines sources, l’ayurvéda aurait plus de huit mille ans, sous forme de tradition orale. On attribue souvent les origines de l’ayurvéda à la civilisation de la vallée de l’Indus, plusieurs millénaires avant notre ère.
L’ayurvéda a traversé le temps, et elle est encore pratiquée aujourd’hui sous différentes formes. Elle est principalement présente en Inde, où elle reste le choix thérapeutique d’une majorité de la population, combinée ou non avec la médecine occidentale. En Occident, la médecine ayurvédique a fait son entrée dans les thérapies dites alternatives, et au travers du yoga.
La médecine ayurvédique repose sur l’idée que l’équilibre des éléments est nécessaire à une bonne santé et au bien-être, dans la nature comme pour l’homme. Elle vise donc à équilibrer en nous les cinq éléments de la tradition ayurvédique : la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther. Ces cinq éléments s’expriment au travers de trois doshas, ou humeurs biologiques.
L’ayurvéda repose sur une théorie humorale et non sur la science expérimentale. Pour cette raison, la science occidentale moderne n’en reconnaît pas les fondements. En France, la médecine ayurvédique est donc considérée une ‘médecine alternative’, dont les praticiens sont reconnus en tant que thérapeutes mais non en tant que médecins. Néanmoins, la médecine ayurvédique s’est développée pendant plusieurs millénaires et continue d’être pratiquée et appréciée en Inde et dans le monde. Sous l’appellation de « médecine ayurvédique », on trouve principalement des praticiens de médecine générale, des nutritionnistes, des phytothérapeutes et des masseurs.
Histoire et origine de la médecine ayurvédique
Origine de la médecine ayurvédique
La légende veut que la médecine indienne traditionnelle ait été transmise directement par Brahma (dieu le plus important de l’hindouisme avec Vishnou et Shiva) à Prajapati, le démiurge, considéré comme le père des créatures et des dieux. Dans la spiritualité Samkhya, qui précède le bouddhisme, Prajapati est la figure du géniteur. Prajapati transmet à son tour l’Ayurvéda à Atreya Punarvasu, le sage, dont les six disciples fondent six écoles (samhitā) de médecine. Les textes fondateurs de l’ayurvéda, le Chakarasamhita, le Sushrutasamhita et le Bhelasamhita, sont attribués à Atreya et ses disciples, au sixième siècle avant notre ère.
Le Chakarasamhita est un texte très complet qui englobe étiologie, symptomatologie et traitements. Il y est question du traitement des maladies, mais aussi de l’hygiène quotidienne pour éviter les maladies, comme en médecine chinoise. Cet aspect est très important dans la médecine ayurvédique.
Le Sushrutasamhita s’intéresse plus particulièrement à la chirurgie et aux disciplines de spécialité, ORL, etc.
À partir de ces textes principaux, de nombreux commentaires sont produits jusqu’au 10ème siècle. Entre le 10ème et le 16ème siècle, la production de textes s’arrête, jusqu’à la publication du Bhavaprakasha au 16ème siècle, dernier texte classique de l’Ayurvéda.
Portée de l’ayurvéda
Durant des siècles, le corpus de la médecine indienne se développe. On trouve des mentions de l’ayurvéda dans les grands textes classiques de l’Inde, dont les Védas, le Mahabharatha et les Upanishads.
Dans les Védas, les références à la médecine se trouvent principalement dans l’Atharva Veda. Dans ce texte, on trouve des descriptions précises des maladies et des traitements. Plus tard, l’anatomie fait son apparition dans les Yoga Upanishads, ensemble de textes philosophiques hindous relatifs au yoga. La médecine indienne se développe significativement à la période Védique (entre -2000 et -600 avant notre ère).
Dans le Mahabharatha, il est fait référence à des médecins chirurgiens opérant les soldats sur le champ de bataille. Le Ramayana mentionne des médecins experts dans l’entourage des rois, capables de préserver les corps, comme les égyptiens. Les détails donnés par les textes démontrent un niveau de connaissances médicales élevé.
Le Bouddhisme et le Jainisme reprennent également cette sagesse et développent à leur tour cette médecine ancienne. Dès le 5ème siècle, les travaux classiques de médecine ayurvédique sont traduits en chinois, puis en perse et en arabe. L’influence de l’ayurvéda sur les médecines du monde est immense.
Par la suite, différentes évolutions de l’ayurvéda prennent forme dans le monde moderne. La médecine traditionnelle indienne s’est donc construite pendant des millénaires, évoluant avec le temps et produisant des variantes. Elle continue d’être très vivante et s’enrichit constamment. De nombreux livres sur l’ayurvéda ont rendu cette philosophie très accessible dans de nombreuses langues.
Disciplines et principes de la médecine ayurvédique
Disciplines médicales de l’ayurvéda
Le système médical de l’ayurvéda est très complet et nous n’en connaissons souvent que quelques aspects.
Dans les textes classiques, la pratique de la médecine indienne est divisée en huit pratiques :
- médecine générale
- pédiatrie
- chirurgie
- ORL
- esprits
- toxicologie
- réjuvénation
- aphrodisiaques
La médecine indienne repose sur huit façons de diagnostiquer. Elle analyse : le poul, l’urine, les excréments, la langue, le discours, le toucher, la vision et l’apparence.
C’est une médecine holistique qui inclue la médecine générale et la chirurgie mais aussi la phytothérapie, la diététique, le massage ou encore la méditation. L’ayurvéda est également liée au Yoga, qui intègre des pratiques de purification et d’hygiène ayurvédiques. La diététique yogi est également basée sur l’ayurvéda.
La médecine ayurvédique est une médecine curative mais aussi préventive. Comme en naturopathie, les cycles naturels sont très importants : le sommeil, l’activité, la respiration, etc. L’hygiène est aussi un pilier de cette médecine, qui comprend un grand panel de rituels d’hygiène.
Les Doshas
La médecine indienne se base sur trois humeurs du corps, nommées les doshas. Ces trois doshas sont issus du prana, ou énergie vitale. Les doshas sont certainement la partie la plus populaire de l’Ayurvéda dans le monde occidental moderne.
Les trois doshas sont :
- Vata, associé aux éléments de l’air (espace) et de l’éther (mouvement)
- Pitta, associé aux éléments du feu (transformation) et de l’eau (cohésion)
- Kapha, associé aux éléments eau (cohésion) et terre (densité)
Le sanskrit vata se traduit par « ce qui souffle », pitta « ce qui transforme » et kapha « ce qui lie, qui soutient ». Selon la médecine indienne, chacun d’entre nous vient au monde avec un équilibre spécifique entre les doshas. C’est notre nature, notre essence matérielle, aussi nommée prakriti.
Les associations élémentaires de vata, pitta et kapha sont complexes :
Vata est lié à la sensation de froid et de sec, au mouvement, à l’astringent et l’amer ainsi qu’au subtil. Vata régit le système nerveux, la circulation, la respiration ou encore l’élimination. C’est le principe du mouvement.
Pitta est associé au chaud et fluide, au liquide, à l’huileux, au mouvement rapide, aux goûts âcres et acides. Pitta régit la digestion et le métabolisme. C’est le principe de transformation,
Kapha est lourd, lent, stable, humide, huileux, sucré et salé. Kapha régit notre vitalité, notre force et nos défenses. C’est le principe de croissance et de synthèse.
De l’équilibre des doshas, dépend notre état de santé. L’un des doshas sera plus fort chez chacun d’entre nous, mais c’est l’équilibre des trois doshas qui est visé dans le soin.
Thérapies et praticiens ayurvédiques
Aujourd’hui en France, la médecine ayurvédique n’est pas légalement reconnue comme une médecine, malgré ses millénaires d’existence. Les praticiens ayurvédiques sont donc autorisés à pratiquer des soins de bien-être et à prodiguer des conseils. Tous se basent sur les doshas, mais vous rencontrerez des spécialistes de la diététique, de la phytothérapie, du massage, ou des praticiens de médecine ayurvédiques plus généralistes.
Phytothérapie
La médecine ayurvédique comprend la phytothérapie, ou thérapie par les plantes. Cet aspect de la médecine indienne a trouvé écho avec la phytothérapie occidentale et s’est donc propagé plus facilement. Les plantes sont extraites sous différentes formes, pour créer des tisanes, des extraits ou des huiles ayurvédiques L’ayurvéda utilise aussi des dilutions de minéraux et de métaux, se rapprochant de l’homéopathie. Pour équilibrer nos doshas, la médecine ayurvédique peut donc prescrire des plantes, consommées sous forme d’infusion ou d’huile, par voie orale ou par le massage.
Les massages ayurvédiques
Les préparations de plantes et les huiles sont ainsi préparées pour le massage ayurvédique, afin de rééquilibrer le corps dans son ensemble. L’huile de massage sera soigneusement choisie par le praticien en fonction de votre dosha et de votre état du moment, pour inclure les plantes et les principes nécessaires au rééquilibrage du corps et de l’esprit.
En fonction de votre type, Vata, Pitta ou Kapha, le massage sera lent et apaisant, dynamisant ou très stimulant. Cela dépend de votre dosha mais aussi de vos besoins au moment de la consultation. Si vous êtes très lent, vous vous attendez sûrement à un massage stimulant, mais surprise ! Parfois le praticien choisira un massage auquel vous ne vous attendez pas. L’huile de sésame est utilisée dans beaucoup de préparations pour massage ainsi qu’en cosmétique et en diététique ayurvédique.
La diététique ayurvédique
La médecine ayurvédique comprend aussi la diététique, et donne une place très importante à l’alimentation. En yoga, le concept d’alimentation n’inclut pas que les nourritures terrestres, mais également les pensées, les émotions et les énergies dont on se nourrit. L’idée que la santé et la vitalité reposent sur un équilibre dans ce que nous consommons et nos activités quotidiennes, est commune à bien des écoles thérapeutiques dans le monde.
Les praticiens spécialisés en diététique exercent de façon similaire à d’autres nutritionnistes, en se basant sur la médecine traditionnelle indienne. Il existe un régime ayurvédique, aux origines anciennes, et assez codifié.
Vous avez peut-être entendu parler du régime sattvique, le régime des yogis et des moines. Il est basé sur l’ayurvéda. Ce régime repose sur une approche de la pureté. Il est essentiellement végétarien et naturel. Il est majoritairement composé de légumes et fruits de saison, de céréales, de légumineuses, de graines et d’huiles et comprend parfois des produits laitiers. Le régime sattvique est lié à la non-violence envers toutes les créatures et soi-même. Il est associé à la pratique du principe de non-violence Ahimsa et au yoga.
Comment se déroule une consultation d’ayurvéda ?
La détermination de votre profil ayurvédique
La plupart des praticiens effectuent tout d’abord un bilan individuel des doshas, pour ensuite choisir les soins adéquats. Le praticien commence donc par déterminer votre profil ayurvédique. Ce bilan permet de déterminer la tendance dominante d’une personne : Vata, Pitta ou Kapha. Les questions posées pour arriver à ce bilan sont en lien avec la santé mais aussi avec votre personnalité. Si vous souhaitez connaître votre dosha dominant, vous pouvez faire un premier test et lire notre article « Quel est votre profil ayurvédique ? ».
Lorsque vous consultez un praticien, il pourra utiliser ce même test. Il vous posera aussi des questions relatives à votre rythme et hygiène de vie. Ces informations compléteront un examen clinique (pouls, yeux, etc) qui peut-être plus ou moins important en fonction de votre état de santé.
À partir de ce diagnostic le praticien pourra recommander un protocole.
Le protocole ayurvédique
Ce protocole vise à équilibrer la personne pour qu’elle trouve le chemin de la santé ou qu’elle ait plus d’énergie, plus de tranquillité. Il peut inclure des changements alimentaires, des changements de rythme de vie, de l’exercice physique, des tisanes ayurvédiques ou des exercices de méditation.
Le protocole ayurvédique s’adapte à chacun, il peut donc être très différent d’une personne à l’autre. Il existe aussi une certaine variété dans la façon de pratiquer l’ayurvéda, et les résultats dépendront bien sûr du choix d’un bon praticien. Le praticien vous permettra d’aller beaucoup plus loin dans la compréhension de vos besoins et de votre équilibre qu’un simple test de dosha. Il pourra prodiguer des soins et vous guider au quotidien.
L’ayurvéda au quotidien
La médecine ayurvédique n’est pas qu’une médecine générale, c’est aussi un art de vivre. Excellente alliée de médecine préventive, l’ayurvéda est aussi une philosophie, dont les implications touchent à toutes les sphères de nos vies, personnelles comme sociales.
Le but recherché ? « un esprit sain dans un corps sain. »
L’ayurvéda vise à l’harmonie, sur tous les plans de l’être, à l’équilibre de notre prakriti, notre essence incarnée. Nul besoin de souffrir d’une maladie pour s’adresser à un praticien d’ayurvéda. La connaissance des aliments, des habitudes, des plantes ou des postures qui nous soutiennent dans notre bien-être sont des outils précieux, quel que soit notre état de santé. La médecine ayurvédique responsabilise ses patients dans la mise en œuvre d’habitudes au quotidien, de la même façon que la naturopathie. Cet art de vivre trouve sa place dans le monde moderne, ou plus que jamais, il est nécessaire de prendre soin de soi.
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